Edições Tijuana
Edições Tijuana
Publishing in the frontier, May 20th - July 9th 2015
Entre le 21 mai et le 9 juillet, la MdM Gallery présentera une exposition sous le commissariat d’Ana Luiza Fonseca, réunissant 28 livres d’artistes contemporains brésiliens, parmi lesquels Daniel Senise, Dora Longo Bahia et André Komatsu. Cet ensemble produit au cours des cinq dernières années est l’œuvre de Tijuana, plateforme référence au Brésil dans ce domaine, depuis sa création en 2007 par Eduardo Brandão, co-fondateur de la galerie Vermelho (São Paulo).
Le recours aux livres comme forme d’expression privilégiée des artistes brésiliens est apparu dans les années 1950 et 1960 avec le mouvement neoconcreto dont les représentants – comme les auteurs Haroldo et Augusto de Campos – créaient des ouvrages à la croisée de la poésie et des arts visuels. Pendant la dictature militaire, ce médium était particulièrement prisé des artistes parce qu’il pouvait facilement être transporté et dissimulé. Eduardo Brandão a néanmoins réalisé que de nos jours le processus de création de ce type d’œuvres n’aboutissait pas souvent, en raison des difficultés à les produire, exposer et commercialiser. Conçu d’abord comme un kiosque d’exposition et de vente installé sur le patio de la galerie, à la frontière entre le white cube et le monde extérieur – le nom de la ville-frontière Tijuana n’est pas un hasard –, ce projet s’est enrichi en 2009 d’une foire annuelle dédiée à cet univers. L’année suivante, un nouveau pas a été franchi avec la production de livres de tous formats s’adaptant à la vision de l’artiste, des fanzines aux livres-objets.
L’exposition présente une sélection variée de réalisations de Tijuana et donne à voir la manière dont ce genre se veut toujours une continuation de la démarche de l’artiste. L’Album de Lia Chaia, un livre souple de pages transparentes aux airs d’album panini, juxtapose par exemple des images d’anatomie humaine et de mythologie et reprend des thèmes chers à l’artiste : l’interactivité avec le spectateur (le livre est accompagné d’une enveloppe de stickers que celui-ci peut utiliser comme bon lui semble) et la tension entre religion et science. Une expérience tellement stimulante pour l’artiste qu’elle a débouchée sur une nouvelle série d’œuvres. De son côté, Daniel Senise poursuit elle son exploration de l’histoire de l’art et sa réflexion sur le rapport entre l’œuvre et le spectateur dans La Pintura Espanola, faux livre qui ne contient en fait aucune page. Le spectateur est invité à allumer l’interrupteur relié à cet objet vide et à regarder à travers un trou dans la couverture : grâce à un jeu de lumières et de reflets, l’œil est projeté dans le miroir de Las Meninas, à l’exact endroit où, dans le chef-d’œuvre de Velázquez, le roi et la reine sont représentés.
Créée par Maria do Mar Guinle en 2012, la MdM Gallery est la première galerie spécialisée dans l’art contemporain brésilien à Paris. En révélant des artistes aussi bien émergents que confirmés de la scène brésilienne (comme Carlos Vergara, Brígida Baltar, Pedro Varela, Ana Holck, Maria Laet, Ala d’Amico ou encore Adriano Melhem), MdM Gallery est devenue une référence pour l’art brésilien à Paris.